La libido : qu’est-ce que c’est ?

Publié le 11 octobre 2024 à 13:10

Par Catherine Solano,
Médecin

  • La libido : qu'est-ce que c'est ?

 

La libido ou le désir sexuel est l’envie de s’adonner à une activité sexuelle. Le désir sexuel peut survenir spontanément ou en réponse à un partenaire, des images ou des pensées.

L’intensité du désir dépend de différents facteurs tels que la qualité de la relation de couple, la santé physique, l’état psychologique ou des événements qui jalonnent la vie (grossesse, deuil, stress au travail, etc.).

La baisse du désir sexuel fait partie des différentes dysfonctions sexuelles que peuvent rencontrer l’homme et la femme à tout moment de leur vie.

Une baisse de libido devient problématique lorsqu’elle inquiète la personne ou son partenaire et affecte la relation amoureuse. Toutefois, cet état n’affecte pas toujours la capacité d'avoir des relations sexuelles.

 

  • Baisse de libido : les causes

 

Le désir sexuel est une interaction complexe de plusieurs facteurs, incluant le bien-être physique et émotionnel, les expériences de vie, le rythme de vie et les relations intimes.

Les causes physiques

Un problème d’ordre sexuel

Par exemple de la douleur durant les relations sexuelles ou une inaptitude à atteindre l’orgasme.

 

Une maladie

Plusieurs maladies peuvent affecter le désir sexuel, par exemple l’arthrite, le cancer, le diabète, une haute pression sanguine (hypertension), une dépression ou des maladies neurologiques.

 

Les effets d’un médicament

Plusieurs médicaments, tels que certains antidépresseurs (par exemple la paroxetine comme Paxil® ou Pexeva®, et la fuoxetine comme Prozac® et Sarafem®) diminuent souvent le désir sexuel.

 

D’autres médicaments pour le traitement des problèmes de la prostate ou de la perte de cheveux, ou encore pour réguler la pression artérielle peuvent affecter la libido.

Si vous prenez des médicaments et que vous ressentez une diminution de désir sexuel, commencez par lire sur votre notice les effets indésirables de votre médicament.

 

Une chirurgie

Les chirurgies reliées aux seins ou aux organes génitaux peuvent affecter l’image de soi, la fonction sexuelle et le désir sexuel.

 

L’alcool ou les drogues

Un abus d’alcool ou de certaines drogues peuvent affecter la libido.

 

La fatigue

L’excès de fatigue causé, par exemple, par le soin apporté à des parents âgés ou à des jeunes enfants peuvent affecter le désir sexuel.

 

Des changements hormonaux

La ménopause

Durant la transition vers la ménopause, les niveaux d’œstrogène des femmes chutent. Cela peut provoquer une sécheresse vaginale, donc des relations sexuelles douloureuses ou inconfortables pouvant être à l’origine d’un évitement des relations sexuelles.

En revanche, si après la ménopause, les ovaires secrètent très peu d’estrogènes, ils continuent à secréter des quantités relativement importantes d’androgènes (testostérone…) ce qui explique parfois l’apparition de quelques poils disgracieux sur le visage à cet âge.

Néanmoins, ce taux d’androgènes devient moins élevé qu’avant la ménopause, ce qui peut entrer en compte dans une diminution de désir sexuel.

 

La grossesse et l’allaitement

Les changements hormonaux durant la grossesse, de même qu’après l’accouchement et l’allaitement peuvent affecter le désir sexuel. Non seulement les hormones, mais la fatigue, les changements corporels et le stress engendré par la naissance d’un nouveau bébé peuvent affecter le désir sexuel.

 

La prolactine

Une élévation anormale de la prolactine (une hormone responsable, entre autres, du déclanchement et du maintient de la lactation) bloque le désir sexuel, chez l’homme, comme chez la femme.

 

Un faible taux de testostérone

Chez les hommes, la testostérone est produite dans les testicules. Cette hormone est essentielle au maintient de la densité osseuse, de la distribution des graisses, de la masse musculaire, de la production de globules rouges, de la production de spermatozoïdes et du désir sexuel.

 

Avec l’âge, la testostérone diminue graduellement (d’environ 1% par an après l’âge de 30 ans). Parfois, la testostérone peut diminuer de manière très importante avec l’âge (Déficit Androgénique lié à l’âge ou DALA).

Une baisse de testostérone peut aussi être due à une maladie (par exemple, l’hypogonadisme).

 

La pilule contraceptive

La prise de la pilule contraceptive a tendance à faire baisser la libido chez 20 à 40 % des femmes, parce qu’elle réduit la quantité de testostérone circulant dans le sang chez les femmes.

Les causes psychologiques

  • Un abus sexuel dans l'enfance ;
  • une dépression ;
  • un stress intense relié à une situation financière ou un travail ;
  • une faible estime de soi ;
  • une relation amoureuse conflictuelle (manque de communication, conflits non-résolus, infidélité, manque de confiance en son partenaire).

 

 

 

  • Baisse de libido : les symptômes

Une disparition inexpliquée et prolongée du désir sexuel.

Parfois, une répulsion systématique à l'égard des activités sexuelles. Ce symptôme se manifeste surtout en cas de blocage psychologique.

 

  • Baisse de libido : les personnes à risque

  • Les couples vivant des conflits conjugaux ;
  • les personnes ne se sentant pas respectées par leur partenaire. ;
  • les personnes souffrant de maladie chronique ;
  • les personnes ayant des soucis importants (chômage, accident de la vie, maladie grave d’un proche, décès dans l’entourage…) 
  • les personnes abusant des images pornographiques.

 

  • Baisse de libido : les facteurs de risque

 

L’âge

La baisse de désir sexuel peut survenir à n'importe quel âge, mais elle se manifeste plus fréquemment à mesure que l'homme ou la femme vieillit.

 

  • Baisse de libido : les mesures de prévention

 

Afin de maintenir le désir sexuel et d’augmenter le plaisir au cours des relations sexuelles :

  • assurez-vous de maintenir une bonne communication avec votre conjoint ou votre conjointe ;
  • échangez avec votre partenaire sur ce qui vous procure du plaisir lors des relations intimes ;
  • faites preuve d'imagination et de fantaisie ;
  • après la ménopause, ayez une attitude ouverte et positive face à votre sexualité. Malgré le déclin des hormones, il est tout à fait possible de maintenir une belle vitalité sexuelle.

 

  • Baisse de libido : les traitements

Thérapies hormonales

Les thérapies hormonales sont utilisées lorsque la baisse de libido est causée par un problème hormonal.

Chez les hommes, une baisse de libido causée par un faible taux de testostérone, peut se traiter par une thérapie de remplacement de la testostérone. Un prélèvement sanguin permet de vérifier le taux testostérone.

 

La testostérone est offerte en timbres apposés une fois par jour dans le dos, sur l'abdomen, sur le bras, ou sur les cuisses, en gel (qu’on applique sur la peau une fois par jour), en injection (administrée par un médecin à intervalles de 3 ou 4 semaines) ou en capsules.

 

Les thérapies à la testostérone comportent quelques effets secondaires et des risques qui incluent l'acné, une diminution de la production de sperme, de la rétention d'eau et une stimulation du volume de la prostate. Elles sont efficaces sur les troubles du désir seulement chez 1 homme sur 3.

 

D’autre part, ce traitement est à manier avec précaution car c’est un traitement à vie. Une fois mis en place, il freine la fabrication naturelle de testostérone par les testicules, ce qui suppose qu’à l’arrêt du traitement, cette sécrétion serait encore amoindrie, alors qu’elle était déjà insuffisante.

 

La testostérone joue également un rôle dans la fonction sexuelle des femmes même si elle se retrouve en quantités beaucoup plus faibles. Les traitements de testostérone chez les femmes sont controversés car ils peuvent causer plusieurs effets secondaires.

 

Certaines femmes peuvent se faire administrer de l’œstrogène (en gel, en pilules ou en timbres). Ce traitement peut avoir un effet positif sur les fonctions cérébrales et l’humeur qui affectent la réponse sexuelle. Cependant, ce type de thérapie peut augmenter le risque de maladies cardiaques et de cancer du sein.

 

Des doses plus faibles d’œstrogène peuvent être administrées sous la forme de crèmes vaginales, de suppositoires à émission lente ou d’un anneau placé dans le vagin. Ces médicaments parviennent à augmenter le flot sanguin dans le vagin et aident à augmenter le désir sans les risques associés à l’absorption œstrogène.

 

Lorsque le trouble du désir est dû à un taux de prolactine très élevé, un bilan est nécessaire, avec traitement adapté.

Changement de médicament

Lorsque la baisse de libido est causée par un médicament, votre médecin peut, la plupart du temps, vous en prescrire un autre.

Changements du style de vie et thérapies

Lorsque la baisse de libido a une cause psychologique, elle peut se traiter par des changements apportés à son style de vie et par des techniques qui aident à épanouir sa sexualité.

 

Exercices

Des exercices réguliers d’aérobie et de puissance peuvent améliorer l’endurance, l’image de soi, l’humeur et stimuler la libido.

 

Diminuer le stress

Trouver des solutions pour faire face à un stress financier, un stress relié au travail ou à des tracas quotidiens peut stimuler le désir sexuel.

 

Communiquer avec son partenaire

Les couples qui apprennent à communiquer dans une relation honnête et ouverte, maintiennent habituellement des liens plus forts qui conduisent à des relations sexuelles plus saines. Parler de ses préférences sexuelles peut aussi améliorer les relations intimes.

 

Planifier un peu d’intimité

Bien que le fait de planifier les relations sexuelles au calendrier peut paraître artificiel et ennuyant, faire en sorte que des périodes intimes deviennent une priorité peut aider à retrouver le désir sexuel.

 

Ajouter du piquant à sa vie sexuelle

Essayer des positions sexuelles différentes, des endroits ou des moments de la journée variables, si vous et votre partenaire êtes d’accord.

 

Les conseils d’un thérapeute peuvent aider à comprendre la cause de la baisse du désir sexuel. Ces thérapies comprennent habituellement des enseignements sur la réponse sexuelle, des techniques et des recommandations de lectures, de même que des exercices à faire en couple.

 

Très souvent, la baisse de libido est due à des troubles profonds. Une dépression, un vécu difficile dans l’enfance, un décès traumatisant, des agressions sexuelles, des viols… Dans ce cas, un travail de thérapie sera indispensable pour relancer l’élan vital, car la libido est liée à cet élan…

Le Viagra® augmente-t-il la libido ?

Les médicaments tels que le citrate de sildénafil (Viagra®), le tadalafil (Cialis®) et le vardénafil (Levitra®), aident les hommes à obtenir une érection en augmentant l'afflux sanguin au pénis.

Ils ne stimulent pas l'appétit sexuel et ne sont pas utiles pour traiter une libido faible. Cependant, chez les hommes angoissés par la peur de la panne d’érection, ces médicaments peuvent redonner une confiance très bénéfique pour relancer la libido.

 

  • Baisse de libido : les approches complémentaires

DHEA (déhydroépiandrostérone)

Cette hormone stéroïde est sécrétée par la glande surrénale. Plusieurs études ont démontré que des suppléments de DHEA pouvaient avoir des effets bénéfiques chez les personnes souffrant de perte de libido associée à la pré-ménopause, la dépression, le syndrome de fatigue chronique ou une insuffisance de la glande surrénale.

 

D’autres essais cliniques ont cependant conclut à un manque d’évidence convaincante sur l’utilisation de la DHEA pour traiter les dysfonctions sexuelles et la perte de libido. Les effets de la DHEA dans le fonctionnement de l'organisme sont encore mal connus et son utilisation ne fait pas consensus dans l'ensemble du monde scientifique.

 

Au Canada, la DHEA est considérée comme une hormone anabolisante et sa vente est interdite, sauf sur ordonnance en préparation magistrale (élaborée par un pharmacien sur place).

 

En France, la DHEA ne se trouve pas en vente libre, puisque les autorités sanitaires poursuivent son évaluation. Sa vente est autorisée sous forme de prescription magistrale et sous surveillance médicale.

 

L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) stipule qu'elle pourrait stimuler les cancers hormonodépendants et augmenter le risque cardiovasculaire.

 

La consommation de DHEA par les athlètes est interdite par le Code mondial antidopage. La DHEA est abondamment disponible sur internet, mais la prudence s’impose quant à son utilisation et à la qualité des produits sur le marché.

 

  • Baisse de libido : l'avis du Dr Catherine Solano

"En sexologie, les troubles du désir sont le problème le plus complexe. Leurs causes sont très variées. Nous commençons toujours par faire un bilan de santé avec dosage des hormones afin de détecter rapidement une cause hormonale.

Puis, les causes conjugales. La question que nous posons est : « Éprouvez-vous du ressentiment pour votre partenaire ? ». Si la réponse est oui, l’origine du trouble du désir est probablement trouvée.

 

Les enfances sans amour, ou auprès de parents dépressifs, la peur de la sexualité apprise dans l’éducation, ainsi que les agressions sexuelles malheureusement très fréquentes sont à l’origine de nombreux troubles du désir… Et, il faut souvent alors du temps pour travailler en psychothérapie sur ces problématiques complexes.

 

Notons que la ménopause, souvent considérée comme pourvoyeuse de troubles du désir, l’est bien moins qu’on ne le pense. En effet, on sait que les femmes ménopausées qui changement de partenaire, retrouvent immédiatement un désir au zénith…

 

D’autre part, une étude (Enquête CSF) a montré que le niveau de désir des femmes était corrélé à la participation de leur partenaire aux tâches ménagères : plus un homme participe, plus sa partenaire éprouve de désir ! Pourquoi ? C’est sans doute qu’elle se sent plus respectée et aimée."

 

Dr Catherine Solano

 

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